Institutionnalisation de l'éthique en santé : entre sciences des organisations et puissances de l'imaginaire.

Revue ETHIQUE & SANTE. 2017. Numéro 14, pp. 72—77
Site de la Revue Ethique & Santé
Auteur :
Roland Chvetzoff, PhD (1)(2)(1) Cabinet LATITUDE SANTE, 38460 Trept.
(2) Faculté de philosophie université Lyon 3, Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhil), 69007 Lyon.
Résumé :
Institutionnalisation de l'éthique en santé : entre sciences des organisations et
puissances de l'imaginaire.
De nombreux Comités et groupes de réflexion éthiques se sont constitués dans les établissements
de santé et permettent la mise en place d’une éthique instituée à l’origine de légitimes
objectivations. Mais face aux conflits et impasses rencontrés dans le soin, le déploiement de la
réflexion éthique pensé uniquement sous cette forme peut conduire à la mise en place d’une
éthique procédurale à l’origine de machines à guérir hospitalières qui finissent par fonctionner
pour elles-mêmes.
C’est pourquoi l’éthique instituée doit être complétée d’une éthique instituante au plus près de
l’imaginaire individuel et collectif. Cette dernière doit permettre de réintroduire l’événement
comme ouverture du champ des possibles, sans que celui-ci soit systématiquement rabattu sur la
structure hospitalière et ainsi transformé en événement indésirable qu’il s’agirait d’éradiquer
par un dispositif de gestion des risques.
Penser l’institutionnalisation de la réflexion éthique consiste à être ouverts au débat car ne
disposant pas soi-même de la vérité, et à inventer autre chose qui viendrait trouver son point
sublime dans une « dialectique à synthèse ajournée ». Cette éthique du point sublime résulte
d’une « non-coïncidence » entre une pensée de l’institué et de l’instituant, du cynique et du
coquin, du déterminé et de l’indéterminé, de la théorie et de la pratique, du continu et du
discontinu, de la structure et de l’événement.
Mots clés :
Éthique instituée ; Éthique instituante ; Événement ; Dialectique ; Machines à guérir hospitalières.